Couverture Il ne nous reste que la violence d'Eric Lange

Il ne nous reste que la violence

par Eric Lange
2017

La violence est en nous.

On la subit ou on l’ignore.

Mais on peut aussi danser avec elle.

Alors on reste debout.

Après mon premier crime, j’avais commencé à voir notre société différemment. Où que je regarde, le miroir se déformait. Des esclaves fabriquaient nos ordinateurs, des enfants cousaient nos vêtements, les profits des guerres assuraient la rentabilité de notre livret A. Nos bagues de fiançailles brillaient de diamants sanglants, mon voisin perdait son travail, sa vie, pour un actionnaire anonyme. Un vieillard était mort, seul dans une chambre, juste au-dessus de chez moi…

On s’offusquait un peu, mais pas tant que ça, parfois pas du tout. On vaquait à nos petites affaires, nos vies allant tranquillement sur ces champs de cadavres.

Et on ne la cachait pas, cette violence. Elle était notre environnement naturel. On l’enseignait à nos enfants.

Dont acte.

Je pouvais tuer une deuxième fois.