New Valley, 2016. Immeubles en ruines. Fenêtres murées. Trafic des âmes et pneus en flammes au coin des rues. Dans cette métropole à l’agonie, moi, Randall Hollister, cocaïnomane né de père inconnu, j’ai tué ma mère. Pour son bien, pour le mien.
Puis je suis parti. Je voulais mettre de l’espace entre cette violence et moi.
En réalité, c’est à travers le temps que j’ai fui. Je me suis glissé dans ses replis, mon cerveau malade ignore par quel prodige. Je suis arrivé en 1961, dans une petite ville de banlieue. Propre. Riche. Le bonheur comme dans un catalogue. Allées fleuries, maisons à perron, Ford et Chevrolet grandes comme des péniches brillant au soleil, réfrigérateurs pleins qui ronronnent. Me voilà en plein âge d’or de la consommation. Golden Years. Comment cette société parfaite a-t-elle pu engendrer l’époque délabrée qui m’a vu naître ? Je le découvre en assistant à la chute de la cité modèle dans un gouffre qu’elle a creusé de ses propres mains.